DEBATS PESSACAIS D'ORIENTATION BUDGETAIRE

Monsieur le Maire, Mes chers collègues,

Permettez moi tout d’abord de faire remarquer que nous venons d’assister à 3 miracles dans l’intervention de notre collègue Michel Olivier :

-entendre un communiste se référer à Dieu,

-l’entendre reconnaître le rôle majeur de l’investissement dans la reprise, investissement au cœur du plan de relance gouvernemental,

-et enfin l’entendre préconiser le gel fiscal.

M Olivier ayant fait la première partie de mon intervention, il me reste donc à développer la seconde ;

1_ situation mondiale et macroéconomique

Cette crise mondiale est d’une gravité exceptionnelle.

Elle a donné lieu d’emblée à des efforts massifs des gouvernements occidentaux où la France a joué aux avant postes grâce à une présidence ambitieuse et offensive de l’Union Européenne.  Force est de constater que N Sarkozy a pleinement assumé ses fonctions dans une période particulièrement calamiteuse où la rapidité de la  prise de décision et la force de conviction ont été déterminantes

Deux actions majeures :

-plan massif de soutien aux établissements de crédits, que l’on reproche ici et là dans une surenchère de polémique démagogique : car sans crédit il n’y  plus d’économie. N’oublions pas de souligner que les bonus des dirigeants de banques ont été  supprimés sur demande expresse du Président de la république !

-plan de relance de l’économie française fondé sur l’investissement. L’investissement est ce qui correspond à la croissance et l’emploi de demain . C’est ne pas céder à la facilité tellement démagogique du chèque à tous les Français que propose un parti d’opposition. A noter : Les collectivités locales vont bénéficier de ce plan avec le remboursement anticipé et définitif du FCTVA pour 2,5 milliards €

Soutien aux PME et TPE pour un accès facilité au crédit., mais aussi logement : 100 000 logements supplémentaires

2_ l’état de la commune et vos projets pour Pessac

La population

D’abord un bémol : l’attractivité de Pessac est plus relative que l’on veut bien nous le dire régulièrement : 2% d’augmentation de la population par rapport à 1999 c’est bien décevant  et bien moins que l’immense majorité des communes de la CUB et que la Gironde elle-même.

Pessac ne compte donc pas encore 60 000 habitants. C’est un sérieux ralentissement quand on voit l’augmentation de sa population  sur les décennies passées.

Quant au logement social : avec un taux de 26% en 2006, Pessac se situe très au-delà des 20% de la loi SRU . et ce taux n’intègre pas le classement de la cité Arago parvenu postérieurement. Si l’on ajoute ces plus de 600 logements, on atteint quasiment 30% de logements sociaux sur Pessac 

Comptez vous atteindre et dépasser 30% ? nous disons que cela suffit . Le logement social est une impérieuse nécessité mais la permanence de la mixité sociale dans une ville et même dans un quartier n’en est pas moins indispensable pour éviter l’effet de ghetto et pour permettre aussi à une commune d’avoir suffisamment de contribuables pour équilibrer ses comptes sociaux.  Une ville avec peu de contribuables c’est une ville qui aura plus de mal à financer ses prestations et actions sociales, éducatives, de loisirs dont tous les citoyens seront consommateurs et en particulier les moins favorisés et les familles monoparentales particulièrement nombreuses dans notre ville.

Il ne peut y avoir solidarité et redistribution que s’il y a de la différence et non s’il y a uniformité. Il faut des citoyens qui contribuent.  C’et aussi un facteur de cohésion sociale. C’est aussi le sens du vivre ensemble et du pacte républicain.

Vous vous engagez plus loin dans la rénovation des quartiers sociaux comme Arago. Nous ne pouvons qu’approuver mais faites le plus vite ! après le diagnostic qui a pris un an, il va y avoir l’élaboration du « projet de rénovation urbaine »  mais pour quand prévoyez vous la réalisation ? c’est d’investissement qu’ont besoin les Pessacais, tant les habitants que les entreprises locales. C’est maintenant qu’il faut que les communes jouent le jeu de la reprise.

Vous avez les moyens en remboursement du FCTVA par l’Etat, et par une forte capacité d’emprunts : allez y !  je vous invite à une ambition  au service du cadre de vie.

La politique en matière de développement durable : le ruban décerné à Pessac est une incontestable reconnaissance , qu’il faut faire fructifier et non s’endormir sur des lauriers éphémères. Quel projet d’ensemble ? Le jury  a demandé que les Pessacais soient plus acteurs . Qu’est ce que la Mairie  a prévu pour associer les habitants et créer une dynamique d’ensemble où les initiatives publiques et municipales seraient autre chose qu’un exemple isolé à Pessac mais véritablement le fer de lance d’une dynamique portée par toute une population ? vous restez très , trop mesurés sans volonté affirmée.

 Par exemple, des produits biologiques seront introduits dans les menus : à quelle hauteur ? Votre pointillisme atteint ses limites et il manque à votre projet un réel souffle pour entraîner et fédérer la population.

Je parlerai aussi du volet culturel, en bien, puisque je veux rendre hommage au travail de Pessac en Scènes, pour l’excellence du travail fourni par les salariés comme par les bénévoles.

Venons en au sport : les assises du sport, annoncées et lancées en grandes pompes n’ont pas donné pour l’heure matière à débat en conseil municipal ni même à des annonces. Quel dessein global vous donnez vous ? Les investissements annoncés étaient déjà prévus et sont minimalistes.

Que faites vous pour le rugby par exemple qui est le parent pauvre des sports de masse pessacais et qui pourrait ambitionner de devenir un véritable porte drapeau de l’excellence sportive pessacaise s’il était soutenu ?

Je finirai l’examen des domaines principaux d’intervention par l’action économique en faveur des entreprises et éducative en faveur du développement : pas un mot sur la recherche , pas un mot sur l’enseignement supérieur, alors que vous-même, Monsieur le Maire, êtes vice président à la CUB chargé d’agglo campus ? quelle politique pour la synergie sur Pessac entre l’université et les entreprises ?

Nous avons eu la présentation du schéma de développement de l’économie productive par M Laversanne, il y a quelques semaines (à ce titre, nous souhaiterions avoir communication du diaporama présenté alors car le verbatim de M Laversanne est un peu moins parlant sans ce support). Mais quelle traduction dans vos orientations budgétaires ?

Bref, on reste sur sa faim. Oui Pessac doit exister pour les enfants de la communale, et nous savons tous votre attachement et le nôtre à l’école primaire mais quid de l’université ?

En conclusion sur le volet dépenses, l’absence de vraie ambition ne signifie pas modération des dépenses puisque, contrairement à ce que vous avez écrit, les dépense n’augmenteront pas de 3 % mais de 6,77% si l’on compare vos projets aux sommes effectivement dépensées en 2008, soit 52 Millions d’euros par rapport aux 48,7 annoncés par M Cabannes en début de séance.

3_ les ressources de la commune

Vous nous parlez sans cesse du désengagement de l’Etat : c’est une véritable ritournelle.

Et le FCTVA,  et la révision des bases locatives de 2,5 % pour le bati et 1,5 % pour le non bati . C’est un sacré coup de pouce qui devrait vous inciter à la modération fiscale. Vous parlez pudiquement de maitriser la fiscalité, il est temps mais cela reste un concept flou comme le soulignait Michel Olivier à l’instant.

A cet égard, il est intéressant de porter à l'attention tous une récente étude du magazine CAPITAL d'Octobre 2008. Un article édifiant classe Pessac au 5è rang national des villes où les impôts locaux sont les plus élevés. Avec une méthode simple et efficace, on confirme ce que l'opposition ne cesse de clamer depuis des années et qui avait été un thème fort des dernières municipales : les Pessacais contribuables locaux subissent une pression fiscale considérable, sans aucun lien avec la qualité des équipements publics. Vos investissements ont été trop faibles depuis des années pour maintenir les équipements publics à niveau et ce ne sont pas les quelques réalisation que vous mettez systématiquement en avant qui sont suffisantes pour une ville de pas encore 60 000 habitants. A cet égard, les 55 millions  du PPI pour les grandes opérations sur la durée de la mandature ne sont pas supérieurs à ce que l’on a connu sous votre précédesseur.

L'opposition municipale ne peut que dénoncer cette situation et insister pour la décroissance fiscale une fois encore à ajouter au gel des tarifs municipaux que nous soutenons mais avec une conviction renouvelée en ces périodes de forte revendication de pouvoir d'achat.

Franck RAYNAL